Parfois un paysage nous saisit, ou bien la vue d'un corps, d'un objet. On le voit tous les jours, ou bien pour la première fois. Peu importe, alors on croit voir plus clair, on respire mieux. Une intensité nous lie à lui, sans doute parce que cela touche à un foyer sensible : la lumière tombe sur une écorce – le sol se recouvre – la peau se tend. Tout cela est fragile, ce n'est pas grand chose mais c'est essentiel, sans véritablement que l'on sache ce qui s'y joue et même s'il s'y joue autre chose qu'un peu plus d'air soudainement. Et l'image que l'on fait dans le mouvement de cette émotion semble étoffer, par accident et lentement, la mémoire incertaine d'autres images enfouies ou latentes. Celles-ci se rappellent l'une l'autre par leurs ressemblances et leurs écarts – une roche nuance un tissu, une nuque atténue la neige – comme les assonances d'un regard.


















