Depuis cinq ans, un même paysage hante mes poèmes et mes photographies, celui du Creux de l'envers. Plusieurs recueils et des centaines d'images s'imprègnent de l'humidité du lieu, s'essoufflent dans ses pentes, s'emmêlent parmi les branches du bois ou se dissolvent dans la brume. Poésie et photographie sont restées cependant deux manières parallèles de considérer ce paysage : l'écriture rend aveugle pendant des mois ; la photographie, muet. La tension exigée par la main ou l'œil n'est pas la même et ne se partage pas.
Cette série les rapproche pourtant, dans l'espoir d'une articulation inaperçue. Indépendamment des poèmes, des détails de photographies ont été gardés ; le reste de l'image, effacé par le blanc. Les poèmes, quant à eux, redisposés en bloc, débarrassés de la respiration des vers d'origine, contraints par un nouveau cadre et par le fragment de l'image, envahissent ce même blanc dégagé et formulent autre chose. Entre les mots et les images, dont les ensembles respectifs ont été défigurés, une conversation distendue murmure parfois ce qui les relie.























